Route de Lausanne 396 : Différence entre versions

De geneva wiki
Aller à : navigation, rechercher
m
m
 
Ligne 1 : Ligne 1 :
 
{{Box-batiment|A=Route de Lausanne 396, 1290 Versoix|B=[https://www.google.com/maps/place/46.2719654791018,6.16675254308673 Google maps]|C=[[:Category:Voie:Route de Lausanne|Route de Lausanne]][[Category:Voie:Route de Lausanne]]|D=[[:Category:664400081-Versoix - lac|664400081-Versoix - lac]][[Category:664400081-Versoix - lac]]|E=Habitation|F=1946-1960|G=2, pour 13.23 mètres.||I=46.2719654791018,6.16675254308673}}{{Box-batiment|A=Route de Lausanne 398, 1290 Versoix|B=[https://www.google.com/maps/place/46.2732230206575,6.16780487612508 Google maps]|C=[[:Category:Voie:Route de Lausanne|Route de Lausanne]][[Category:Voie:Route de Lausanne]]|D=[[:Category:664400081-Versoix - lac|664400081-Versoix - lac]][[Category:664400081-Versoix - lac]]|E=Habitation|F=Avant 1919|G=4, pour 29.22 mètres.||I=46.2732230206575,6.16780487612508}}Sans-Souci, château constr. par Henri Bourrit et Jacques Simmler en 1882-84 pour Charles Bartholoni. De style néo-Henri-IV et Louis-XIII, en molasse, brique et ardoise, avec belvédère en toiture, cette villa monumentale a abrité l’Agha Khan III et l’émir du Qatar. Aménagement portuaire exceptionnel.<ref>mentionné dans le Guide artistique de la Suisse, Tome 4a, établi par la Société d'histoire de l'art en Suisse, page 919</ref>
 
{{Box-batiment|A=Route de Lausanne 396, 1290 Versoix|B=[https://www.google.com/maps/place/46.2719654791018,6.16675254308673 Google maps]|C=[[:Category:Voie:Route de Lausanne|Route de Lausanne]][[Category:Voie:Route de Lausanne]]|D=[[:Category:664400081-Versoix - lac|664400081-Versoix - lac]][[Category:664400081-Versoix - lac]]|E=Habitation|F=1946-1960|G=2, pour 13.23 mètres.||I=46.2719654791018,6.16675254308673}}{{Box-batiment|A=Route de Lausanne 398, 1290 Versoix|B=[https://www.google.com/maps/place/46.2732230206575,6.16780487612508 Google maps]|C=[[:Category:Voie:Route de Lausanne|Route de Lausanne]][[Category:Voie:Route de Lausanne]]|D=[[:Category:664400081-Versoix - lac|664400081-Versoix - lac]][[Category:664400081-Versoix - lac]]|E=Habitation|F=Avant 1919|G=4, pour 29.22 mètres.||I=46.2732230206575,6.16780487612508}}Sans-Souci, château constr. par Henri Bourrit et Jacques Simmler en 1882-84 pour Charles Bartholoni. De style néo-Henri-IV et Louis-XIII, en molasse, brique et ardoise, avec belvédère en toiture, cette villa monumentale a abrité l’Agha Khan III et l’émir du Qatar. Aménagement portuaire exceptionnel.<ref>mentionné dans le Guide artistique de la Suisse, Tome 4a, établi par la Société d'histoire de l'art en Suisse, page 919</ref>
 +
 +
 +
Evaluation
 +
Valeur: Exceptionnel
 +
Description
 +
Importante propriété de plaisance, comportant maison de maître et loge de gardien, probablement construites par le bureau Bourrit et Simmler (qui signent le portail d'entrée) pour Charles Bartholony dès 1880. Un port y a été ajouté vers 1885. Plusieurs dépendances ont été édifiées dans le parc dès 1958 (cf. fiche Route de Lausanne 396A et 402, Route de Suisse 2).
 +
 +
Le château domine un vaste parc situé entre la route de Lausanne et le lac. Il est juché dans une position dominante sur une large terrasse retenue par des murs de soutènement à arcature aveugle supportant une balustrade limitée aux extrémités par une paire de lions sculptés. Des sentiers descendent en pente douce vers les différentes parties du parc, au nord (dépendances et serre) et à l'est (port et lac). De hauts arbres environnent la maison et les limites de la propriété (notamment des cèdres et autres conifères). Le bord du lac avait été aménagé avec un port (au nord-est, aujourd'hui sur la parcelle voisine n° 5057) et un canal enjambé par une passerelle métallique donnant accès à une terrasse. Le portail principal, qui s'ouvre sur la route de Lausanne, au sud-ouest de la propriété, est entièrement réalisé en fer forgé. Il se compose de deux hauts montants marqués par des métaillons au chiffre du constructeur. Ceux-ci articulent les embrasures concaves rejoignant la grille d'enceinte et les deux battants, dont la silhouette incurvée est rythmée par des terminaisons flammées et de grandes volutes à la jonction des panneaux.
 +
Le château se compose d'un pavillon central flanqué de deux ailes perpendiculaires. Le haut volume se décompose en un épais soubassement surmonté de trois étages carrés, le tout étant coiffé par des toits à croupes. Sur la façade d'entrée (ouest), saillie du corps central à trois travées, marquées au rez-de-chaussée par une large marquise. Sur la façade côté lac (est) au contraire, le corps central présente un profond retrait, racheté au rez-de-chaussée par un portique supportant une terrasse. Les deux façades latérales présentent une légère saillie centrale précédée par un avant-corps bas (au sud, une annexe; au nord, une loggia en portique in antis). Les quatre façades sont semblablement structurées par des chaînes d'angle harpées en bossage (plus épais et rustique au rez-de-chaussée) et des cordons moulurés (doubles au-dessus du premier étage), qui se détachent sur les surfaces de brique rouge ponctuées par des briques vernies en noir.
 +
 +
La façade ouest focalise l'attention sur la porte d'entrée avec son chambranle de marbre surmonté d'un fronton cintré dans lequel trône un cartouche héraldique couronné ; de part et d'autre, deux fenêtres se détachent d'un épais bossage rustique ; elles sont flanquées par deux consoles richement ornées (cartouche, feuilles d'acanthe et draperies), servant de support avec deux aisseliers à l'imposante marquise. Aux étages, les chambranles des fenêtres sont moulurés à crossettes et doublés de piédroits harpés. Des frontons alternativement triangulaires et cintrés les couronnent au premier étage. Les deux ailes en retrait sont marquées au rez-de-chaussée par un appareil alternant lit de pierre et de brique ; plus haut, les fenêtres sont flanquées par deux plaques décoratives verticales, ornées d'une bande de piastres, de fleurons et, au premier étage, d'une pointe de diamant. En toiture, les lucarnes alternent des frontons en ailerons à volutes et mascaron avec des frontons triangulaires renfermant un cartouche. Sur le corps central, elles sont reliées en une composition d'ensemble : réunies par des guirlandes de fleurs sculptées dans la pierre, elles sont dotées aux deux extrémités par une potiche. Sur la façade est, le portique du rez-de-chaussée encadre ses trois travées de deux paires de colonnes corinthiennes jumelées au centre et deux colonnes flanquées d'un pilastre sur les côtés ; au-dessus de l'entablement, une balustrade borde la terrasse. Aux étages, c'est la travée centrale qui est soulignée : au premier, elle est marquée par un appareil en bossage ; au deuxième, deux paires de pilastres en gaines flanquent la porte-fenêtre donnant sur un balcon supporté par d'épaisses consoles à volute ; enfin la toiture est dominée par la flèche à lanternon, dans laquelle est percée une monumentale lucarne à deux niveaux.
 +
 +
Située sur le côté de l'entrée principale de la propriété, la loge de gardien présente un caractère architectural similaire au château, mais légèrement simplifié. Composée à l'origine de deux ailes disposées en T, elle a été agrandie de deux annexes à l'est et au sud. Sur un soubassement s'élèvent un étage carré et un comble. La façade d'entrée (ouest) est étroite mais mise en valeur par le rythme serré des deux fenêtres encadrant la porte et la lucarne axiale, le tout se détachant sur un appareil privilégiant le bossage en molasse. Les autres façades présentent un appareil de brique, des chaînes d'angle et chambranles de fenêtres harpés, un cordon intermédiaire ainsi qu'une corniche en molasse. La haute toiture couverte d'ardoise est agrémentée de lucarnes métalliques en oeil-de-boeuf et d'un décor de faîtage composé de crêtes et d'épis en forme de potiches sur piédestal. Une souche de cheminée en forme de pilône reprend les principes de celles du château à une échelle réduite.
 +
Le château de Sans-Souci constitue peut-être le plus riche exemple d'adaptation à Genève du style architectural emphatique développé en France pendant le Second Empire et la Troisième République en imitation des châteaux des règnes de Henri IV et de Louis XIII. De fait, le commanditaire est un citoyen de Genève ayant grandi entre Paris et les rives du lac Léman : François Bartholoni (ou Bartholony), père de Charles, avait fait fortune dans la banque et le chemin de fer français, mais il séjournait aussi dans sa villa de Sécheron. Les architectes, Henri Bourrit (1841-1890) et Jacques Simmler (1891-1901), ont étudié quant à eux à l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich et se sont rencontrés dans l'atelier de Gottfried Semper. Collaborant dès 1865, ils s'associent à Genève en 1869, donnant rapidement à leur bureau une grande renommée régionale. Ils construisent à Genève (Ecole de chimie, 1879, Ecole des arts industriels, 1880, propriété Flood à Cologny, 1884) mais aussi dans d'autres cantons et à l'étranger (églises évangéliques d'Annecy, 1870, de Fribourg, 1875, de Sion, 1876, de La-Chaux-de-Fonds, 1877, villa du Grand-Duc de Mecklemburg-Schwerin à Cannes, 1888-1889). En 1878, ils gagnent le 1er prix du concours pour la construction du premier Tribunal fédéral de Lausanne, qui sera cependant réalisé par un architecte local.
 +
 +
Quoiqu'il vise un effet d'abondance, le langage architectural appliqué à Sans-Souci est néanmoins remarquablement maîtrisé : les nombreux ornements sont rigoureusement inscrits au sein de la grille structurelle exprimée en façade par les chaînes d'angle, les piédroits et les cordons ou corniches, tout en respectant le principe de hiérarchie. L'oeuvre prouve que les architectes de Suisse romande, tout en ne bénéficiant que rarement d'un programme aussi généreux, savent le cas échéant manier avec autant d'habileté que d'art les ficelles complexes de l'éclectisme tel qu'il est enseigné dans les grandes écoles européennes. En ce qui concerne les façades, le château présente un état de conservation exceptionnel, malgré la discrète transformation de l'avant-corps méridional. Il faut relever en particulier que l'harmonie des couleurs originelle n'a pas été altérée par le remplacement inévitable des blocs de molasse, tandis que le bâtiment a préservé des éléments décoratifs métalliques qui sont généralement perdus, comme la monumentale marquise de l'entrée, les décors de toiture, les garde-corps et les contrevents des fenêtres (on voit cependant quelques stores récents). Quant à la loge de gardien, elle maintient malgré les transformations son caractère d'origine, près du portail installé pour Bartholoni (1883). Enfin, le parc offre, avec sa collection d'arbres plus que séculaires percée de perspectives, le vaste cadre de verdure que mérite une aussi monumentale demeure.<ref>[[Category:RAC Versoix]]Référencé dans le recensement architectural du canton (commune de Versoix), accessible sur [https://ge.ch/sitg/geodata/SIPATRIMOINE/SI-EVI-OPS/EVI/edition/fiches/RAC-VSX_03/RAC-VSX_03_2007-00024_23217.htm site du RAC]</ref>
  
 
[[Catégorie:Guide artistique de la Suisse 4a]]
 
[[Catégorie:Guide artistique de la Suisse 4a]]

Version actuelle datée du 26 avril 2020 à 22:04

Route de Lausanne 396

Route de Lausanne 396, 1290 Versoix

Google maps
rue: Route de Lausanne
secteur : 664400081-Versoix - lac
type : Habitation
construction : 1946-1960
étages[1] : 2, pour 13.23 mètres.
Carte

Chargement de la carte…

Route de Lausanne 396

Route de Lausanne 398, 1290 Versoix

Google maps
rue: Route de Lausanne
secteur : 664400081-Versoix - lac
type : Habitation
construction : Avant 1919
étages[2] : 4, pour 29.22 mètres.
Carte

Chargement de la carte…

Sans-Souci, château constr. par Henri Bourrit et Jacques Simmler en 1882-84 pour Charles Bartholoni. De style néo-Henri-IV et Louis-XIII, en molasse, brique et ardoise, avec belvédère en toiture, cette villa monumentale a abrité l’Agha Khan III et l’émir du Qatar. Aménagement portuaire exceptionnel.[3]


Evaluation Valeur: Exceptionnel Description Importante propriété de plaisance, comportant maison de maître et loge de gardien, probablement construites par le bureau Bourrit et Simmler (qui signent le portail d'entrée) pour Charles Bartholony dès 1880. Un port y a été ajouté vers 1885. Plusieurs dépendances ont été édifiées dans le parc dès 1958 (cf. fiche Route de Lausanne 396A et 402, Route de Suisse 2).

Le château domine un vaste parc situé entre la route de Lausanne et le lac. Il est juché dans une position dominante sur une large terrasse retenue par des murs de soutènement à arcature aveugle supportant une balustrade limitée aux extrémités par une paire de lions sculptés. Des sentiers descendent en pente douce vers les différentes parties du parc, au nord (dépendances et serre) et à l'est (port et lac). De hauts arbres environnent la maison et les limites de la propriété (notamment des cèdres et autres conifères). Le bord du lac avait été aménagé avec un port (au nord-est, aujourd'hui sur la parcelle voisine n° 5057) et un canal enjambé par une passerelle métallique donnant accès à une terrasse. Le portail principal, qui s'ouvre sur la route de Lausanne, au sud-ouest de la propriété, est entièrement réalisé en fer forgé. Il se compose de deux hauts montants marqués par des métaillons au chiffre du constructeur. Ceux-ci articulent les embrasures concaves rejoignant la grille d'enceinte et les deux battants, dont la silhouette incurvée est rythmée par des terminaisons flammées et de grandes volutes à la jonction des panneaux. Le château se compose d'un pavillon central flanqué de deux ailes perpendiculaires. Le haut volume se décompose en un épais soubassement surmonté de trois étages carrés, le tout étant coiffé par des toits à croupes. Sur la façade d'entrée (ouest), saillie du corps central à trois travées, marquées au rez-de-chaussée par une large marquise. Sur la façade côté lac (est) au contraire, le corps central présente un profond retrait, racheté au rez-de-chaussée par un portique supportant une terrasse. Les deux façades latérales présentent une légère saillie centrale précédée par un avant-corps bas (au sud, une annexe; au nord, une loggia en portique in antis). Les quatre façades sont semblablement structurées par des chaînes d'angle harpées en bossage (plus épais et rustique au rez-de-chaussée) et des cordons moulurés (doubles au-dessus du premier étage), qui se détachent sur les surfaces de brique rouge ponctuées par des briques vernies en noir.

La façade ouest focalise l'attention sur la porte d'entrée avec son chambranle de marbre surmonté d'un fronton cintré dans lequel trône un cartouche héraldique couronné ; de part et d'autre, deux fenêtres se détachent d'un épais bossage rustique ; elles sont flanquées par deux consoles richement ornées (cartouche, feuilles d'acanthe et draperies), servant de support avec deux aisseliers à l'imposante marquise. Aux étages, les chambranles des fenêtres sont moulurés à crossettes et doublés de piédroits harpés. Des frontons alternativement triangulaires et cintrés les couronnent au premier étage. Les deux ailes en retrait sont marquées au rez-de-chaussée par un appareil alternant lit de pierre et de brique ; plus haut, les fenêtres sont flanquées par deux plaques décoratives verticales, ornées d'une bande de piastres, de fleurons et, au premier étage, d'une pointe de diamant. En toiture, les lucarnes alternent des frontons en ailerons à volutes et mascaron avec des frontons triangulaires renfermant un cartouche. Sur le corps central, elles sont reliées en une composition d'ensemble : réunies par des guirlandes de fleurs sculptées dans la pierre, elles sont dotées aux deux extrémités par une potiche. Sur la façade est, le portique du rez-de-chaussée encadre ses trois travées de deux paires de colonnes corinthiennes jumelées au centre et deux colonnes flanquées d'un pilastre sur les côtés ; au-dessus de l'entablement, une balustrade borde la terrasse. Aux étages, c'est la travée centrale qui est soulignée : au premier, elle est marquée par un appareil en bossage ; au deuxième, deux paires de pilastres en gaines flanquent la porte-fenêtre donnant sur un balcon supporté par d'épaisses consoles à volute ; enfin la toiture est dominée par la flèche à lanternon, dans laquelle est percée une monumentale lucarne à deux niveaux.

Située sur le côté de l'entrée principale de la propriété, la loge de gardien présente un caractère architectural similaire au château, mais légèrement simplifié. Composée à l'origine de deux ailes disposées en T, elle a été agrandie de deux annexes à l'est et au sud. Sur un soubassement s'élèvent un étage carré et un comble. La façade d'entrée (ouest) est étroite mais mise en valeur par le rythme serré des deux fenêtres encadrant la porte et la lucarne axiale, le tout se détachant sur un appareil privilégiant le bossage en molasse. Les autres façades présentent un appareil de brique, des chaînes d'angle et chambranles de fenêtres harpés, un cordon intermédiaire ainsi qu'une corniche en molasse. La haute toiture couverte d'ardoise est agrémentée de lucarnes métalliques en oeil-de-boeuf et d'un décor de faîtage composé de crêtes et d'épis en forme de potiches sur piédestal. Une souche de cheminée en forme de pilône reprend les principes de celles du château à une échelle réduite. Le château de Sans-Souci constitue peut-être le plus riche exemple d'adaptation à Genève du style architectural emphatique développé en France pendant le Second Empire et la Troisième République en imitation des châteaux des règnes de Henri IV et de Louis XIII. De fait, le commanditaire est un citoyen de Genève ayant grandi entre Paris et les rives du lac Léman : François Bartholoni (ou Bartholony), père de Charles, avait fait fortune dans la banque et le chemin de fer français, mais il séjournait aussi dans sa villa de Sécheron. Les architectes, Henri Bourrit (1841-1890) et Jacques Simmler (1891-1901), ont étudié quant à eux à l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich et se sont rencontrés dans l'atelier de Gottfried Semper. Collaborant dès 1865, ils s'associent à Genève en 1869, donnant rapidement à leur bureau une grande renommée régionale. Ils construisent à Genève (Ecole de chimie, 1879, Ecole des arts industriels, 1880, propriété Flood à Cologny, 1884) mais aussi dans d'autres cantons et à l'étranger (églises évangéliques d'Annecy, 1870, de Fribourg, 1875, de Sion, 1876, de La-Chaux-de-Fonds, 1877, villa du Grand-Duc de Mecklemburg-Schwerin à Cannes, 1888-1889). En 1878, ils gagnent le 1er prix du concours pour la construction du premier Tribunal fédéral de Lausanne, qui sera cependant réalisé par un architecte local.

Quoiqu'il vise un effet d'abondance, le langage architectural appliqué à Sans-Souci est néanmoins remarquablement maîtrisé : les nombreux ornements sont rigoureusement inscrits au sein de la grille structurelle exprimée en façade par les chaînes d'angle, les piédroits et les cordons ou corniches, tout en respectant le principe de hiérarchie. L'oeuvre prouve que les architectes de Suisse romande, tout en ne bénéficiant que rarement d'un programme aussi généreux, savent le cas échéant manier avec autant d'habileté que d'art les ficelles complexes de l'éclectisme tel qu'il est enseigné dans les grandes écoles européennes. En ce qui concerne les façades, le château présente un état de conservation exceptionnel, malgré la discrète transformation de l'avant-corps méridional. Il faut relever en particulier que l'harmonie des couleurs originelle n'a pas été altérée par le remplacement inévitable des blocs de molasse, tandis que le bâtiment a préservé des éléments décoratifs métalliques qui sont généralement perdus, comme la monumentale marquise de l'entrée, les décors de toiture, les garde-corps et les contrevents des fenêtres (on voit cependant quelques stores récents). Quant à la loge de gardien, elle maintient malgré les transformations son caractère d'origine, près du portail installé pour Bartholoni (1883). Enfin, le parc offre, avec sa collection d'arbres plus que séculaires percée de perspectives, le vaste cadre de verdure que mérite une aussi monumentale demeure.[4]
  1. Données fournies en opendata par le site SITG
  2. Données fournies en opendata par le site SITG
  3. mentionné dans le Guide artistique de la Suisse, Tome 4a, établi par la Société d'histoire de l'art en Suisse, page 919
  4. Référencé dans le recensement architectural du canton (commune de Versoix), accessible sur site du RAC