Chemin des Crêts-de-Pregny 29

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Chemin des Crêts-de-Pregny 29

Chemin des Crêts-de-Pregny 29, 1218 Le Grand-Saconnex

Google maps
rue: Chemin des Crêts-de-Pregny
secteur : 662300020-Les Blanchets
type : Habitation
construction : 0
étages[1] : 0, pour 9.55 mètres.
Carte

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Aujourd’hui établies sur deux parcelles différentes, la maison de maître (n.25) et sa ferme à côté (n. 29) étaient autrefois le centre d’un même grand domaine datant de la première moitié du XIXe siècle : d’ailleurs une cour commune faite de cailloux de rivière les réunit, même si celle-ci a été a été récemment perturbée du côté de l’habitation. Le premier fond est d’une grandeur moyenne pour l’époque, comme la maison du reste, par contre, le second, est d’une étendue beaucoup plus vaste, et la ferme, en conséquence, d’une longueur et d’un gabarit très importants : un bâtiment presque inusité dans cette partie du siècle. Ce n’est donc pas pour rien que cette partie du domaine agricole porte le nom de « Grand-Champs ». A partir de la ferme, ce fonds s’étire d’abord au nord-ouest, le long d’une belle haie d’arbres de haute venue, jusqu’au lieu-dit « Les Blanchets » qui est bordé par le chemin-de-Sandedis, ensuite au nord-est jusqu’au chemin-de-Machéry, puis au carrefour touchant à Prégny, à l’est, jusqu’au chemin des Crêts-de-Prégny, et enfin jusqu’au chemin-des-Manons, au sud-ouest, qui touche à cet endroit à la voie de crête.

Affectant un plan rectangulaire, la grande ferme est composée de sept travées réunies par un toit en bâtière qui court tout du long du long bâtiment, du sud-ouest au nord-est, mais qui, à cette extrémité, se termine par une demi-croupe. Ses travées se composent d’abord d’un logement qui se divise en trois niveaux (un rez-de-chaussée, un étage et de combles), puis, derrière un mur pare-feu, d’une enfilade composée de trois ou quatre écuries, deux ou trois remises (cela suivant les façades considérées, côté cour ou côté « Grand-Champ »), d’une une grange, d’un fenil au-dessus et enfin, au nord-est, d’un abri couvert par un toit en appentis qui a été ajouté à l’ensemble en 1916. D’un bout à l’autre de ce long bâtiment, l’architecture passe progressivement d’un logement maçonné, à des travées mi-maçonnées mi-charpentées (cela au niveaux des écuries), puis enfin, à partir des granges et du fenil, à une construction complètement en pans-de-bois. Côté cour uniquement, les six travées dévolues au bétail et au fourrage sont protégée par le débordement d’un large avant-toit supporté par sept aisseliers. Au nord de ce long bâtiment se trouve une petite maison de deux niveaux qui est couverte par un toit en bâtière. Un escalier métallique extérieur permet de passer du rez-de-chaussée à l’étage est établi. Cette maisonnette abritait autrefois les ouvriers agricoles.

Du logement à un bout, jusqu’à la grange et au fenil de l’autre, la ferme adopte les deniers progrès faits après les guerres d’Empire en matière de rationalisation des exploitations agricoles, que ce soit en terme de sécurité, d’hygiène, de fonctionnalité et de rendement. La sécurité, avec la nette séparation entre l’habitation et les six travées restantes au moyen d’un mur pare-feu ; la sécurité encore, parce que la partie consacrée au fourrage (traditionnellement en bois pour des raisons de séchage, donc plus susceptibles de brûler), est rejetée à l’opposée de la partie habitée qui est maçonnée. L’hygiène, car ce mur pare-feu, outre son utilité contre les incendies, met fin à la traditionnelle promiscuité entre les bêtes et les hommes ; l’hygiène encore parce que cette partie habitée se situe au sud-ouest de la ferme, à l’extrémité la mieux orientée en fonction de la course du soleil. La fonctionalité, avec la concentration dans une seule barre, de six travées dévolues aux écuries, aux remises, puis aux granges et au fenil, ce qui tend à éviter les déplacements inutiles du personnel agricole, donc à optimiser le temps de travail ; fonctionalité encore, car ce personnel agricole, même par mauvais temps, peu continué de travailler à l’abri grâce au large avant-toit débordant côté cour ; fonctionalité enfin parce que cette cour s’étire tout du long des six travées en une seule longue bande étroite formée de pierres de rivière, juste le nécessaire pour travailler dans des conditions normales, donc plus facile à garder propre que les grande cour du XVIIIe siècle. Pour finir le rendement, avec des parcelles cultivées plus grandes qu’auparavant, et un nombre de têtes de bétail plus important qu’autrefois ; rendement encore, car cette productivité n’est possible qu’avec une main-d’œuvre accrue, donc l’emploi d’ouvriers agricoles, et pour ceux-ci, la nécessité d’avoir une maisonnette (mais à l’écart du logement du fermier), où vivre, manger et dormir.

À côté de la maison de maître et de sa débridée, cette ferme modèle, son état de conservation quasiment inchangé (grâce à une activité agricole qui a perduré jusqu’à peu), et l’étendue du domaine agricole d’une indéniable qualité paysagère, constituent un ensemble particulièrement intéressant. Miraculeusement échappés aux morcellements parcellaires et aux lotissements, bâtiments et terrains témoignent d’une phase de l’agriculture genevoise moderne en pleine révolution. A ces différents titres, il méritent d’être conservés. Ils rappellent à Meyrin les installations un peu plus anciennes du numéro 62 de la route-de-Prévessin.[2]
  1. Données fournies en opendata par le site SITG
  2. Référencé dans le recensement architectural du canton (commune du Grand-Saconnex), accessible sur site du RAC

Partie d'une maison qui recouvre le reste.